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HipHop

Hors-Série 3: Hip-hop, France, 1989-94 96pages : 22x22cm black and white, paperback

Paperback
22x22 cm
p.
,
2022
20
EUR
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SHOOT THE PLAYERS

Yan Morvan a vécu plusieurs vies, couvert plusieurs conflits, côtoyé la mafia tchétchène et les gangs pari-siens, fréquenté Guy Georges et shooté les rois du porno californien, mais c’est au cœur de Paris et dans ses proches banlieues qu’il a documenté les balbutiements de cette déferlante hip-hop qui n’était alors qu’une vaguelette promise à un futur plus qu’incertain. On parle d’un temps que les artistes aux millions de streams ne peuvent pas connaitre, celui des origines. Anonymes et futures stars, danseuses, clubbeuses, lolitas des cités et bad boys de la nuit, le kaléidoscope de ces soirs de fête et ces nuits de folie où la police affronte la jeunesse des quartiers, c’est tout ça qu’on retrouve sur les clichés de Yan, qui filme ses sujets comme s’il était en zone de guerre, tel un baroudeur. Liban Sarcelles, même combat, même adrénaline. Ceux qui étaient là à la fin des eighties et au début de la décennie 90, celle du rap français qui commence enfin à percer, reconnaitront les visages de légende des futurs players du rap game. Lionel D, pionnier au tragique destin. L’increvable DJ Dee Nasty. K-Mel et son groupe Alliance Ethnik, voué aux gémonies pour avoir osé viser la lune avec un album « commercial », un terme qui jadis justifiait ces guillemets tant il déto-nait avec les aspirations libertaires et underground du mouvement hip-hop. Doc Gynéco, Stomy Bugsy et Kenzy en élégante compagnie, avec une femme de commissaire nue, portant sur son sein l’insigne de son homme, écho réel des paroles de « Brigitte Femme De Flic », premier outrage du Ministère Ämer. Un shooting qui eut lieu dans un studio loué par la maison de disques, qui demandait au groupe « du scandale et du hardcore », parce qu’il fallait frapper fort et que l’époque voulait ça. Ils n’ont pas été déçus, tout comme les flics qui tentèrent de faire un procès au Ministère pour outrage, ayant hélas (pour eux) laissé passer la période légale pour déposer une plainte. Les souvenirs se percutent, se mélangent. Qui est cette amazone marseillaise capturée par l’objectif de Yan en 1989 ? Keny Arkana ? Non, les dates ne correspondent pas, et la boucle de ceinturon annoncent une « Lisy ». Insoumise, sage, marginale, humaniste ou révoltée, cette jeunesse qui regarde l’objectif de l’appa-reil photo dans les yeux nous ramène à la source, quand ces acteurs du mouvement croyaient que la galère faisait d’eux des frères. Certains des clichés de Yan sont imprégnés de mystère. Qui sont donc les quatre membres de cette étrange « Alliance Danger Public » au logo néo-islamique qui posent avec une photo de Saddam Hussein ? Où donc ont été filmés ces policiers casqués, masqués, posant devant un nuage de fumée lors d’une nuit de chaos urbain dans une banlieue sale et non identifiée ? Et puis il y a ces bandes, ces gangs, ces mecs de gang-bang comme aurait pu le rapper Doc Gynéco, acteurs anonymes d’une lutte anti-skin qui faisait la gloire de ces autonomistes de la baston. Des visages connus des initiés apparaissent : Djida des Bafalo, le service de sécurité des concerts rap du siècle passé, Crazy JM et le crew IZB featuring Cut Killer et sa coupe de cheveux spécial bled.
Aux côtés des visages et des figures, quelques natures mortes, comme cette incroyable vision d’une kyrielle de cabines téléphoniques au pied d’une barre d’immeubles rongée par l’usure, témoignage d’une époque où la communication passait par le téléphone public à pièces. Des pieds anonymes avec des bouteilles de bière à terre, comme l’illustration sinistre de cette fameuse phrase d’Akhenaton dans « Demain C’Est Loin » qui disait « Je sais de quoi je parle, moi le bâtard/ J’ai dû fêter mes 20 ans avec trois bouteilles de Valstar ». Ou encore cette vision d’une ville dortoir la nuit et ces graffitis depuis longtemps recouverts ou défraichis, reliquats d’une époque révolue, celle où le slogan « Peace, Unity » était accompagné d’une ferveur utopique mais réelle, qu’on peut palper en parcourant ces clichés d’une autre ère. Et puis, phénix éternellement en résurrection/mutation, jadis SDF et taggueur devenu rappeur, acteur presque césarisé, vedette d’une série à succès, héros d’un biopic à la gloire de son groupe, gourmet ini-tiateur d’un magazine sur la grande bouffe, JoeyStarr. Shooté avec Kool Shen ou en solo, unique survivant médiatique de ces clichés surgis d’un autre monde qu’on appelait alors le monde de demain, un monde qui fut le nôtre, le monde d’avant. Merci pour ces moments, Yan Morvan.

Olivier Cachin

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